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Construire un site Web
Jean-Marie Chauvet
Logiciels et Systèmes, Mai 1999
Le chemin technologique qui mène à un site Web d’entreprise dépend clairement de l’usage que celle-ci projette d’en faire. Dans l’ordre de la complexité (et des coûts) croissants, il est d’usage de distinguer les sites Web destinés à la promotion de l’entreprise ou de ses produits, les sites Web intranet ou extranet destinés aux collaborateurs de l’entreprise ou à ses partenaires commerciaux, et les sites Web de commerce électronique destinés au grand public ou à un cercle plus large de partenaires de l’entreprise.
Si les frontières entre ces différents usages ne sont évidemment pas nécessairement strictement définissables, il n’en reste pas moins que la réalisation de ces différentes catégories de sites repose sur des technologies et des compétences de nature différente.
- Pour un site qui a pour objectif d’établir une présence sur le Web, il est d’habitude fait appel aux outils et aux technologies qui facilitent le développement de pages HTML (Hypertext Mark-up Language). Ces outils sont aujourd’hui légion et vont depuis la bureautique usuelle de Microsoft (Word ou, plus approprié, FrontPage), jusqu’aux éditeurs indépendants (Allaire, HotSausage, etc.) et aux freeware (BBEdit et d’autres). Ces pages HTML peuvent être enrichies – au prix parfois de performances de chargement dégradées – d’applets en Java ou d’animations aux formats définis par Macromedia par exemple.
- Pour un site qui vise à structurer les échanges de documents ou de données entre partenaires commerciaux, on aura, en plus des outils précédents, recours à des technologies qui permettent d’alimenter les pages Web à partir de bases de données. Le lien entre serveur Web et base de données peut s’effectuer par des scripts respectant l’interface CGI (Common Gateway Interface), soit par des instructions spéciales cachées dans la page Web elle-même qui sont exécutées avant de la passer au navigateur client. Dans le premier cas, une réponse de l’utilisateur déclenche un programme CGI – écrit dans une grande variété de langages de programmation, depuis Perl jusqu’à C ou Java – qui renvoie la page Web suivante au navigateur : ce programme peut exécuter des requêtes SQL et présenter leurs résultats au format HTML. Dans le second cas, illustré par les ASP (Active Server Pages) de Microsoft ou les servlets en Java, la page Web contient directement le script a exécuter par le serveur Web lui-même – usuellement en Visual Basic pour les ASP, et en Java pour les servlets. CGI est un standard ouvert tandis que les mécanismes d’extension du côté serveur s’appuient sur des serveurs Web propriétaires capables de les mettre en œuvre.
- Enfin, c’est pour les sites à vocation plus ambitieuse de commerce électronique que l’on trouve aujourd’hui les outils et les technologies les plus avancés du marché, ceux sur lesquels des sites de référence comme amazon.com, eBay, Yahoo! ou d’autres sont construits. Ce qui distingue ces sites des précédents peut se résumer à un mode transactionnel, une intégration poussée avec une informatique traditionnelle et un assemblage de technologies variées destinées à capturer et conserver le plus d’information possible sur les transactions gérées par le site. Au niveau système, ces sites reposent sur des serveurs d’applications liés en amont au serveur Web et dont le rôle est de gérer les transactions commerciales et l’intégration avec les données et les applications de l’entreprise, qui résident dans des serveurs de données ou des grands progiciels. Les technologies employées par ces serveurs d’applications tombent soit dans le camp Microsoft (DCOM/MTS), soit dans le camp OMG (Corba), soit dans le camp Java (Enterprise Java Beans). A un niveau d’abstraction plus élevé il existe des progiciels complets qui sont de véritables plates-formes de commerce électronique clé en main, comme celles d’IBM, de Broadvision ou d’Intershop. Des outils complémentaires ont proliféré ces deux dernières années pour enrichir les transactions Web : aide en ligne (Webline, Balisoft) ; personnalisation automatique des sites (Vignette, Personify, Neuron Data) ; offres complémentaire de courrier électronique (Kana), d’enchères (Moai) ; gestion de liste d’envoi et de notification (Marimba, Pointcast) ; voire portails personnels ou d’entreprise (Mediapps, Epicentric, PlumTree, Viador, Portera, Glyphica). Des consortiums autour de l’usage d’XML pour tout ou partie de ces fonctions sont en cours de constitution (ICE ou OTP, par exemple).
La multiplicité apparente des technologies et des outils ne doit pas faire oublier les deux questions essentielles à poser lors du projet de construction d’un site Web : à qui est destiné le site et pour quel usage ? |